Theodore Robinson (1852-1896) – L’Arrière-cour d’une ferme à Giverny


Huile sur toile : 85,5 x 49,5 cm
Signée et annotée en bas à gauche « à l’ami Baudy Th Robinson 18.. »
Annotée au dos « à l’ami Baudy Giverny 1887 Th Robinson »

Theodore Robinson fut le peintre impressionniste américain le plus proche de Claude Monet; il subit son influence dès 1884 où il vient séjourner à Giverny pendant huit ans. C’est une période féconde qui lui permet de s’imprégner de l’atmosphère ambiante propice à la création. Il profite des leçons que dispense le Maître à un cercle d’artistes privilégiés dont fait partie Robinson comme tant d’autres compatriotes. A Giverny, Robinson réalise quelques unes de ses meilleures toiles, des paysages ruraux, des paysannes qui s’affairent dans leur activité quotidienne. Il prend plaisir tout comme Monet à représenter le motif au rythme des saisons.

Tout naturellement les habitants de Giverny sont au cœur même de sa peinture; Lucien Baudy, représentant en machines à coudre, et madame Angelina Baudy,  patronne du café-épicerie à Giverny, sont les personnages incontournables de la petite vie calme de notre village normand. Madame Baudy vend quelques articles d’usage courant: savon, papier à lettres, encre, plumes , etc..Mais avec l’arrivée de la colonie d’artistes américains, le village va devenir rapidement un haut lieu d’échanges et d’inspiration. Naturellement les époux Baudy y voient une belle opportunité pour subvenir à leurs propres besoins.

A l’origine, ce qui deviendra l’hôtel Baudy, comportait un bar (à gauche), une épicerie (à droite), avec, plus tard, une recette auxiliaire des Postes et un atelier attenant où Lucien Baudy remisait et entretenait ses machines à coudre.

C’est Willard Leroy Metcalf qui le premier poussera la porte de la buvette de Mme Baudy, »hirsute et baragouinant un langage incompréhensible ». Elle l’éconduira pensant avoir affaire à un rôdeur. Ce n’est qu’à la vue de son matériel de peintre qu’elle connait bien pour voir Claude Monet, le voisin, utiliser le même, qu’elle sera rassurée. Metcalf reviendra quelques semaines plus tard, accompagné par ses confrères de l’Académie Julian. Les peintres affluent à l’Auberge Baudy: ils sont américains pour la plupart, anglais, écossais, et d’autres nations. Rapidement l’auberge compte une douzaine de chambres. Mais la pension ne suffit plus; on loge chez l’habitant.

En 1887, à l’instigation de Theodore Robinson, le premier atelier indépendant de Giverny est construit dans le jardin de l’hôtel. C’est là que les peintres qui venaient peindre en plein air se mettaient à l’abri pour terminer leurs toiles. Le parc est romantique à souhait; ses bassins et ses îlots de verdure sont propices à la quiétude, à la rêverie.

On se réunit chez les Baudy, on y fait la fête. La salle à manger est un lieu très convivial.



Certes les peintres envahissent Giverny; d’autres artistes tels les poètes,
les sculpteurs, les écrivains les rejoignent et se mêlent volontiers à leurs facéties.
Il est fréquent que des artistes peu fortunés règlent leurs dettes en abandonnant leurs toiles à leurs créanciers. On retrouve d’ailleurs au fond de la salle, quelques esquisses d’œuvres ou des toiles devenues célèbres.

Les tableaux 2; 3; 5 ont été peints par  Theodore Robinson. Notre toile représente avec une débauche de couleurs vives l’arrière-cour d’une ferme de Giverny attenante à l’Hôtel Baudy. Elle rend hommage à l’amitié qu’entretenait l’artiste avec Monsieur Baudy, personnage truculent qui n’hésitait pas à payer la tournée générale à l’assemblée d’artistes, assoiffés par les pérégrinations dans la campagne environnante, en quête du motif idéal.

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